Titre: Le travailleur belge, partisan des conditions de travail flexibles (09/09/2016 Par zion)
Bruxelles, le 9 septembre 2016 - La grande majorité des travailleurs belges est prête à faire des heures supplémentaires sans percevoir de sursalaire au moment de la prestation, s’ils peuvent compenser ces heures plus tard dans leur carrière. Près de 70 % voudraient travailler plus à certaines périodes de leur carrière afin de pouvoir lever le pied plus tard. Cela donne un nouveau regard sur le « travail faisable » de Kris Peeters. Les travailleurs sont d’accord pour se montrer plus flexibles, mais attendent la même chose de la part de leur employeur.

Acerta, prestataire de services RH, a mené une nouvelle enquête auprès de 2 000 travailleurs en termes de flexibilisation du temps de travail et du télétravail, deux thèmes autour desquels Kris Peeters a mis sur la table des propositions de modification du cadre légal. Les résultats montrent surtout qu’une grande majorité des travailleurs belges est en faveur de l’épargne-carrière et de la semaine de travail flexible. L’enquête d’Acerta concernait deux formes d’épargne-carrière : d’une part, l’épargne de jours de vacances à prendre plus tard dans la carrière et d’autre part, des heures supplémentaires prestées aujourd’hui en plus du temps de travail normal pour les récupérer ultérieurement sous forme de temps libre.

Un « oui » unanime à l’épargne-carrière

Si leur employeur le permet, 70 % des travailleurs voudraient travailler plus au cours de certaines périodes de leur carrière afin d’utiliser ces heures supplémentaires pour travailler moins à un stade ultérieur de leur carrière. Le projet de loi de Kris Peeters ne détermine pas qui décide de travailler plus ou moins à certaines périodes. « C’est un problème majeur dans la proposition actuelle d’épargne-carrière », explique Philippe Depaepe, Directeur Bruxelles-Wallonie. « Un système solide permettant la concertation entre le travailleur et l’employeur doit être mis en place. C’est essentiel pour toutes les propositions de flexibilisation. Les résultats montrent en outre très clairement que les travailleurs veulent pouvoir faire des heures supplémentaires à certains moments sans recevoir de sursalaire s’ils peuvent utiliser ces heures pour travailler moins à d’autres moments. La proposition de loi prévoit actuellement que les heures supplémentaires prestées doivent être rémunérées par un sursalaire. Ces résultats donnent un nouveau regard sur la proposition actuelle. »

63 % des sondés sont favorables à l’idée d’épargner leurs jours de vacances pour les utiliser plus tard dans leur carrière. Contrairement à la question des heures supplémentaires qui pourraient être prises plus tard, une nette différence se dessine ici entre hommes et femmes : 68 % des hommes actifs voudraient épargner des jours de vacances, contre 57 % des femmes actives. « Les personnes qui préfèrent prendre leurs congés la même année ont besoin de ces jours. L’une des explications possible pourrait être que davantage de femmes pensent en termes de garde des enfants et c’est pourquoi elles ont dès lors besoin de ces jours de vacances. Si on regarde les tranches d’âges, on constate une différence logique entre les jeunes et les plus âgés. 69 % des moins de 30 ans feraient usage de cette possibilité. Les trentenaires suivent la moyenne. Chez les quinquagénaires, sexagénaires et plus, “seuls” respectivement 60, 59 et 61 % y auraient recours. »

Les avantages qu’offre une initiative moderne comme le compte-carrière sont nombreux : c’est au travailleur de définir les règles au sein du cadre et des limites imposés par l’employeur. « De cette façon, le travailleur a plus de pouvoir de décision et se voit offrir l’occasion de prendre les rênes », explique Philippe Depaepe. « Cela augmente l’engagement des travailleurs, ce qui améliore leur employabilité durable. Bien qu’aujourd’hui il n’y ait pas de cadre légal existant pour l’épargne de carrière, au niveau de l’entreprise un employeur peut déjà procéder sur de nombreux sujets en concertation avec ses employés.»

La semaine de travail flexible de commun accord

Les travailleurs belges sont demandeurs d’une semaine de travail flexible avec épargne-carrière sans sursalaire pour heures supplémentaires prestées. 37 % seraient même prêts à travailler au sein d’un système où seul l’employeur déciderait de combien d’heures doivent être prestées quelle semaine. « On remarque que les travailleurs wallons et bruxellois sont nettement plus ouverts à entrer dans un tel système que leurs collègues flamands. En Wallonie, pas moins de 40 % voient d’un bon œil une semaine de travail flexible déterminée par l’employeur, contre 39 % à Bruxelles et 34 % en Flandre », analyse Philippe Depaepe. 30 % des travailleurs en service depuis plus de 25 ans veulent, sous certaines conditions, effectuer des heures supplémentaires, qu'ils pourront récupérer par la suite.

Les pourcentages sont logiquement plus élevés si le travailleur peut décider lui-même de cette flexibilité. 71 % des travailleurs belges sont prêts à travailler dans un tel système s’ils peuvent décider eux-mêmes du nombre d’heures qu’ils prestent telle ou telle semaine et peuvent récupérer les heures supplémentaires prestées plus tard dans leur carrière. Les chiffres sont équivalents pour les collaborateurs flamands, wallons et bruxellois. Avec plus de 72 %, les femmes y sont encore plus favorables que leurs homologues masculins (70 %). Si nous analysons les chiffres sur la base de l’ancienneté des travailleurs auprès d'un employeur, nous constatons que le pic se situe clairement auprès des collaborateurs en service depuis plus de 10 ans et moins de 20 ans. Pour les travailleurs en fonction depuis plus de 25 ans, 59 % sont encore demandeurs d’un tel régime d’épargne-carrière.

L’intérêt est tout aussi grand si le travailleur doit se mettre d’accord avec ses collègues à propos du moment de prester les heures supplémentaires et de les récupérer. Près de 65 % des travailleurs sont demandeurs d’un tel système. Hommes et femmes sont convaincus de trouver un arrangement avec leurs collègues en ce qui concerne la prestation et la récupération des heures supplémentaires. Il n’y a aucune différence à ce niveau entre les générations.

Prendre les rênes de son propre temps

Il ressort clairement des résultats de l’enquête que les travailleurs sont demandeurs de plus de flexibilité. Ils tiennent cependant à disposer d’une période étendue pour récupérer ces heures. Plus de 70 % de tous les travailleurs veulent au minimum un délai de 12 mois ou plus pour compenser les heures supplémentaires prestées. Aujourd’hui, la loi sur le travail prévoit que les heures supplémentaires prestées doivent en principe être récupérées endéans les 3 mois. 23 % des sondés optent pour un délai de plus de deux ans. « Les travailleurs veulent pouvoir décider eux-mêmes de leur temps libre au fil des années, ce qui entre parfaitement dans le cadre de la proposition d’épargne-carrière. »

En Flandre, 75 % des travailleurs voudraient bénéficier d’un délai d’un an ou plus pour prendre leurs heures supplémentaires épargnées. Le pourcentage en faveur d’un long délai n’est que de 64 % chez les travailleurs wallons et de 69 % chez les Bruxellois.

La majorité a des heures de travail glissantes

Les heures glissantes permettent - dans un cadre délimité - de déterminer soi-même le début et la fin de la journée de travail. En principe, le temps de travail moyen hebdomadaire est bel et bien respecté. Aujourd’hui, près de 60 % des travailleurs décident eux-mêmes du moment où ils débutent et terminent leur journée de travail. 78 % trouvent important de pouvoir décider eux-mêmes. « Nous constatons que le pourcentage de femmes qui travaillent déjà selon un horaire glissant est quelque peu inférieur à celui des hommes : 55 % contre 64 % des hommes déterminent l’heure à laquelle ils débutent et achèvent leur journée de travail. Une explication à cela peut être trouvée dans le fait que le secteur des soins de santé emploie plus de femmes que d’hommes. Ces employées doivent donc travailler à pause et à horaire fixe afin de garantir les soins de leurs patients et clients », explique Dirk Wijns. Au niveau régional, on constate que ce sont surtout les Bruxellois qui estiment les horaires glissants importants : 85 % indiquent vouloir avoir le choix, 60 % peuvent déjà décider de leur horaire. Les heures glissantes sont aussi reprises dans le travail faisable de Kris Peeters.

Les Bruxellois, champions du télétravail

La flexibilité ne comprend pas seulement le temps de travail, mais aussi le lieu de travail. 70 % des sondés trouvent (très) important de pouvoir déterminer eux-mêmes leur lieu de travail. « Le problème des embouteillages s’accroît d’année en année et les médias y accordent souvent une attention particulière. Nous voyons donc une légère augmentation par rapport aux 68,5 % de 2015 qui préféraient décider eux-mêmes de leur lieu de travail », déclare Philippe Depaepe. Les femmes y accordent généralement plus d’importance que les hommes : 73 % des femmes contre 67 % des hommes préfèrent décider eux-mêmes de leur lieu de travail.

50 % des sondés indiquent déjà pouvoir faire du télétravail ou du travail à domicile. « C’est un chiffre élevé », souligne Philippe Depaepe. « 53 % des organisations bruxelloises permettent le télétravail. Le secteur tertiaire, où le télétravail s’organise facilement, y est fortement représenté. De plus, la mobilité étant en constante croissance, augmentant le chaos dans le triangle Bruxelles, Anvers et Gand, le télétravail offre une solution pratique et écologique. En Wallonie, on constate que la politique RH est un peu plus conservatrice : seuls 45 % ont la possibilité de travailler de chez eux. »

Une analyse approfondie des données montre que des améliorations restent possibles. 50 % des sondés indiquent que leur employeur refuse le travail à domicile, mais serait pour 35 % d’entre eux tout à fait applicable au sein de leur fonction. Près de 87 % des travailleurs qui pourraient avoir recours au télétravail si leur employeur le permettait sont demandeurs. « À noter aussi que 17 % des travailleurs qui estiment ne pas pouvoir recourir au télétravail dans le cadre de leur fonction et n’y sont de toute façon pas autorisés par leur employeur, militent pour que le télétravail soit accordé aux collègues qui pourraient l’appliquer. Cela montre que le télétravail est bien intégré dans notre société et peut sans souci être repris dans un cadre légal », conclut Philippe Depaepe. L’année dernière, nous avons par exemple vu que de nombreuses entreprises permettaient le télétravail occasionnel en cas de perturbations sur la voie publique, notamment lors de grèves nationales, qui pourraient compliquer la venue au travail.»
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