Publié le 11/12/2025 Dans Bandes Dessinées

Paris, jeudi 13 janvier 2041. Le nouvel Internet ne fonctionne plus et cette panne affecte la planète entière. Un raz-de-marée informatique semble avoir asséché les contenus de toute la toile numérique connue. Un cas inédit qui intrigue et inquiète au plus haut point. La télévision est obligée de repasser en analogique hertzien pour émettre, et il semblerait que quelque chose ait littéralement aspiré toutes les données informatiques, de la simple clé USB au gigantesque data center. Sans système cohérent, les avions ne peuvent plus décoller, les trains sont à l'arrêt, les voitures autonomes ne démarrent plus, et toutes les opérations robotisées ont pris fin. Personne ne sait quoi faire sur Terre pour lutter contre ce bug mondial. Loin de tout cela, un astronaute nommé Kameron Obb revient d'une mission sur Mars. Contaminé par un insecte, il semble détenir une source de savoir inépuisable, et pour cause, habité par un alien mesurant deux centimères et qui s'est logé dans son coup, il a siphonné toutes les données perdues sur Terre. Les États, les entreprises, les mafias et même des particuliers se jettent sur les traces de l'astronaute et de son extraterrestre. Et il y a un moyen de pression évident : Utiliser sa fille unique. Cette dernière est kidnappée à plusieurs reprises pour le contraindre à travailler pour ses ravisseurs. Kameron, aidé de son alliée Junia Perth, parvient à la libérer, mais la perd aussitôt. Il est atteint de fièvre, probablement due au virus, et craint de contaminer sa fille. Il est alors kidnappé par la néo-tsarine, qui veut le forcer à travailler pour elle. En remettant en marche l'électricité et le chauffage, il lui rend déjà, ainsi qu'à son peuple, un immense service. Entre-temps, une nouvelle organisation a vu le jour, Staller (Staller pour Staline et Ler pour Hitler), une organisation néonazie qui assiège le fief de Junia. Obb, apprend-on, peut désormais communiquer avec sa fille et Junia grâce aux taches bleues. Lorsqu'il parvient à échapper à la Tsarine, il rend brièvement visite à sa fille puis s'envole pour l'Afrique. Là, il vomit inopinément le microbe alors qu'il flotte inconscient dans les vagues. Une murène l'avale. Obb devient alors de plus en plus bleu et désorienté. Il est enfermé dans un ancien hôpital de Lampedusa, où il n'a plus qu'une envie : manger des murènes. Pourra-t-il retrouver son microbe ainsi, ou y a-t-il une autre raison ? Sa fille tente de le contacter, mais en vain. Son esprit semble être possédé par une nouvelle entité.
Pour rappel, cette série signée Enki Bilal est bien sur un thriller d'anticipation, une sorte de suite spirituelle de la trilogie Nikopol. Le scénario se déroule dans un monde hyper connecté qui ne sait plus comment se débrouiller sans les systèmes numériques. Il semble que ce bug ait quelque chose à voir avec un nuage bleu caché derrière la Lune. Mais peu ou pas de recherches peuvent être accomplis sans sources numériques, c'est pourquoi il faut réutiliser des moyens démodés (comme des livres). On fait également venir des personnes âgées qui ont encore une bonne mémoire parce qu'elles ont appris à mémoriser. Dans l'espace, la station spatiale internationale est également victime du virus et quelques personnes y ont laissé la vie. Dans ce quatrième volet du grand récit de science-fiction, Obb voit sa santé mentale défaillir. Le "Bug" en lui semble se dédoubler en une dualité conflictuelle – le bien contre le mal. Une mystérieuse entité, quasi divine ou Intelligence Artificielle (IA), semble prendre possession de son esprit. Ce combat intérieur est au cœur de l'album, le transformant en un véritable champ de bataille psychologique. Le seul lien qui le rattache encore au réel est la recherche de sa fille, Gemma, enlevée par de mystérieux ravisseurs. Cette quête paternelle injecte une dimension profondément humaine et émotionnelle dans l'apocalypse technologique. Obb est toujours la proie de toutes les convoitises : gouvernements, services secrets (notamment chinois), et groupes extrémistes politico-religieux. Accusé des catastrophes qui frappent l'Europe, il est un fugitif traqué sans répit. Le récit est mené à un rythme soutenu, entraînant le lecteur dans un nouveau périple. L'aventure mène Obb et les autres protagonistes sur des lieux variés, y compris – de manière emblématique pour l'anticipation – sur les contreforts du Mont Olympus sur la planète Mars, élargissant encore la portée cosmique du désastre.Bilal continue d'utiliser son récit pour livrer une critique sociétale amère et lucide. Le trait et la couleur de Bilal atteignent ici un sommet de puissance, reflétant le chaos et le conflit intérieurs. Visuellement, l'album est dominé par l'affrontement entre le Bleu (associé au Bug, à la froideur numérique, voire à une force supérieure) et le Rouge (symbole de la folie, du sang, de la violence sourde et du combat). Ces couleurs froides et sombres renforcent l'atmosphère dystopique.
VERDICT
Le tome 4 de Bug est une étape essentielle et nerveuse de la saga, marquée par une accélération de la folie et une montée des enjeux. Enki Bilal y opère une fusion remarquable entre son univers de science-fiction métaphysique et une réflexion profonde sur la mémoire, l'IA, et la nature de l'humanité.
Date de parution : 29 Octobre 2025
Editions : Casterman
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